Les Pastorales : tisser des liens entre pastoralisme,
culture et économie locale
Tout commence par un pas.
Un pas dans la terre, entre les herbes hautes, au milieu des brebis.
Un pas pour se rapprocher d’un monde que l’on croit connaître — celui des campagnes, de l’élevage, du mouton — mais que l’on regarde souvent de loin, à travers la fenêtre d’un train ou les prismes étroits de nos métiers, de nos usages ou de nos imaginaires.
Avec Les Pastorales, le Collectif Tricolor propose de changer de point de vue. D’oser ce pas de côté pour aller à la rencontre de celles et ceux qui élèvent, tondent, soignent. De prendre le temps d’observer, d’écouter, de comprendre. Non pas dans une logique de production, de chiffres ou de bilans, mais dans une volonté simple : recréer du lien entre le monde de l’élevage ovin et toutes les filières qui en dépendent – le fromage, la viande, la laine, le cuir.
Car ces mondes, qui devraient marcher ensemble, cheminent trop souvent en parallèle. Or, tout part du troupeau. Et tout revient au troupeau. À sa santé, à son rythme, à son territoire. C’est cette évidence que Les Pastorales souhaitent remettre au cœur des échanges : celle d’une complémentarité naturelle entre agriculture, artisanat, industrie et création. D’un écosystème cohérent où les métiers ne s’opposent pas mais se répondent.
Avec le soutien du Ministère de la Culture, le programme Les Pastorales ambitionne de créer un réseau régional autour des pratiques pastorales et des filières qui en découlent : laine, cuir, agroalimentaire (viande, lait), teintures naturelles, etc. En mettant les éleveurs ovins au cœur du projet, il souligne leur rôle fondamental dans l’équilibre écologique, la transmission culturelle, la production locale, mais aussi dans la construction de paysages vivants qui façonnent l’identité des territoires d’Occitanie.
Face à une perte de visibilité et de reconnaissance des métiers de l’élevage ovin, Les Pastorales propose une approche transversale et collaborative entre acteurs économiques, créatifs et institutionnels. Le projet vise notamment à renforcer les synergies entre les filières agricoles et artisanales et les secteurs de la culture, du patrimoine, de la recherche, du tourisme et de l’innovation sociale.
Le programme s’appuie sur plusieurs piliers concrets :
- Des rencontres professionnelles réunissant éleveurs, designers, industriels, artisans, chercheurs, opérateurs touristiques et institutions culturelles.
- Une résidence de création annuelle, conçue comme un laboratoire de design de filière, permettant à un designer de travailler en immersion avec les acteurs locaux pour valoriser les coproduits issus du pastoralisme.
- Des actions de sensibilisation et d’éducation, à travers des ateliers pédagogiques, des expositions et des collaborations avec les musées et lieux culturels de la région.
- Un travail de structuration de filière, pour encourager la transformation locale des matières premières et favoriser la relocalisation des savoir-faire, en articulation avec les stratégies régionales.
À l’heure des transitions écologiques, alimentaires et économiques, Les Pastorales entend démontrer que le pastoralisme n’est pas seulement un héritage rural à préserver, mais un levier d’innovation, de création et de coopération pour les territoires.
Les Pastorales ne sont pas une campagne de sensibilisation. Ce sont des rendez-vous sincères pour tisser, pas à pas, une autre façon de faire filière. Une filière où l’on se connaît, où l’on se respecte, où l’on prend en compte les contraintes de chacun. Où l’on mesure que derrière une toison ou un gigot, il y a un paysage, une saison, une fatigue, un savoir-faire, une joie parfois. Un métier, tout simplement.
En redonnant la parole aux éleveurs, en replaçant la question du vivant au centre, Les Pastorales souhaitent ouvrir une brèche. Un espace où agriculture, industrie et société peuvent se retrouver autour de valeurs communes : le soin, la proximité, le sens.
Une Journée Pastorale, pour ouvrir la marche le 26 septembre 2025
Le 26 septembre 2025 marque le lancement du programme avec une première rencontre intitulée « Une Journée Pastorale », pensée comme un temps de rassemblement et de dialogue. Éleveurs, artisans, designers, transformateurs, musées, territoires et institutions sont invités à quitter bureaux, bergerie ou ateliers pour se retrouver dans un lieu emblématique : la Maison Donnadille à Bédarieux. Implantée dans la ville depuis plus de 235 ans, la famille Donnadille a profondément marqué l’histoire industrielle et pastorale du Haut-Languedoc. Ancienne manufacture drapière du XIXᵉ siècle, classée monument historique, la Maison témoigne de l’âge d’or textile régional, intimement lié à l’élevage ovin et au travail de la laine. Aujourd’hui, Pascale Donnadille y anime un espace de mémoire vivante, où patrimoine industriel et culture locale se conjuguent.