La Renaissance marque un tournant pour l’ économie française : les marchés s’ouvrent à de nouveaux horizons (Asie, Moyen-Orient) et la compétition s'accroît entre les grandes puissances commerciales : la France, l’Angleterre et la Hollande. L’État français entend bien valoriser la filière des laines françaises en créant des manufactures royales, dont 13 en Languedoc, qui s’appuient sur l’importation de laines françaises et Mérinos d’Espagne, alors considérées comme les plus fines d’Europe. Les productions sont dédiées à l’exportation de draps, produits de luxe principalement vendus aux pays du Levant.
La révolution industrielle impulse des bouleversements sociaux et économiques majeurs en France, comme partout en Europe. L’entrée dans l’ère moderne implique de standardiser et d’industrialiser à grande échelle en vue de démocratiser l’usage des laines. La création de la Bergerie Nationale (1786), initiée sous Louis XVI et largement développée sous Napoléon Ier, vise à améliorer la qualité des laines locales en hybridant des brebis de races françaises avec des béliers Mérinos espagnols. En parallèle, les Anglais inventent l’élevage ovin intensif dans leurs colonies australiennes.
Les changements sociaux sont nombreux à freiner la valorisation des laines françaises... Les étoffes s’allègent : la mode met en avant des textiles plus légers et moins rustiques qu’auparavant. Vers 1870, la majeure partie des laines utilisées est importée de l’hémisphère Sud où les élevages intensifs rendent les fibres moins chères et plus qualitatives.
Le désintérêt pour la laine se généralise : les fibres artificielles et synthétiques viennent concurrencer les usages de la laine, car plus économiques et faciles d’entretien, et les éleveurs se spécialisent dans la production de lait et de viande. En 1961 en France, pour lutter contre la disparition de la filière, des coopératives lainières nationales sont créées dans le but de mutualiser les savoir-faire et les outils de transformation. Malgré ce mouvement, la filière lainière périclite dans les années 1980 à la suite des chocs pétroliers successifs. Aujourd’hui, la laine représente à peine plus de 1% des matières textiles utilisées dans le monde, loin derrière les matières synthétiques et le coton (Source : CIFRS).
Depuis les années 2000, le mouvement de relocalisation et d’éco-responsabilisation des milieux du textile et de la mode se structure. Faire renaître la filière lainière française c’est proposer une alternative à une industrie textile globalisée aux conséquences écologiques et sociales dramatiques. C’est recréer du lien entre les territoires, la matière première et les savoir-faire associés. Et c’est penser collectivement l’avenir d’une filière à haute valeur ajoutée, bénéfique en tous points de vue.
La renaissance des filières de laines françaises
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